Onze sites de la Grande Guerre dans la Somme rentre au patrimoine de l’Unesco

La Somme a été le théâtre de combats sanglants pendant la Première Guerre mondiale, qui ont marqué à jamais son paysage et sa mémoire. Des milliers de soldats venus du monde entier ont péri sur ce front, laissant derrière eux des traces indélébiles de leur sacrifice. Cimetières, mémoriaux, monuments, nécropoles… Ces lieux de mémoire témoignent de l’horreur du conflit, mais aussi du respect et de la reconnaissance envers les combattants de toutes les nationalités. En septembre 2023, l’Unesco a inscrit onze sites de mémoire de la Grande Guerre situés dans la Somme au patrimoine mondial, reconnaissant ainsi leur valeur universelle exceptionnelle et leur rôle dans la transmission du souvenir aux générations futures.

Quels sont les sites de mémoire de la Grande Guerre inscrits qui rentre au patrimoine mondial de l’Unesco ?

Les onze sites de mémoire de la Grande Guerre inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco dans la Somme font partie d’un ensemble plus vaste de 139 sites funéraires et mémoriels situés en France et en Belgique, qui couvrent l’ensemble du front occidental. Ces sites ont été sélectionnés selon des critères rigoureux, qui considèrent leur authenticité, leur intégrité, leur représentativité et leur signification. Ils reflètent la diversité des acteurs du conflit, qu’ils soient militaires ou civils, alliés ou ennemis, européens ou extra-européens. Ils illustrent également la variété des formes et des expressions du souvenir, qu’il soit individuel ou collectif, officiel ou privé, religieux ou laïc. Ces sites sont des lieux de conscience, qui invitent à la réflexion sur les causes et les conséquences de la guerre, ainsi que sur les valeurs de paix et de fraternité.

1 – Les mémoriaux du Commonwealth des communes de Beaumont-Hamel et Auchonvillers

Les mémoriaux du Commonwealth des communes de Beaumont-Hamel et Auchonvillers sont dédiés aux soldats du Dominion de Terre-Neuve, qui ont participé à la bataille de la Somme en 1916. Le 1er juillet 1916, le régiment terre-neuvien fut décimé en quelques minutes par les tirs allemands lors d’une attaque désastreuse. Sur les 801 hommes engagés, seuls 68 répondirent à l’appel le lendemain. Le mémorial de Beaumont-Hamel est situé sur le site même du massacre, où subsistent encore des tranchées et des cratères d’obus. Il se compose d’un caribou en bronze, emblème du régiment, entouré d’une clôture en forme d’étoile. Des plaques commémoratives portent les noms des unités terre-neuviennes qui ont combattu pendant la guerre. Le mémorial d’Auchonvillers est situé à l’entrée du cimetière militaire du Commonwealth. Il se compose d’une stèle en granit surmontée d’un casque et d’une plaque portant l’inscription : « In honour of the men of the Newfoundland forces who gave their lives for freedom and justice ». Ces deux mémoriaux sont les seuls sites canadiens inscrits au patrimoine mondial.

2 – Le cimetière militaire du Commonwealth de Thiepval et Authuile

Le cimetière militaire du Commonwealth de Thiepval et Authuile est le plus grand cimetière britannique de la Première Guerre mondiale. Il contient les tombes de 300 soldats français et 5376 soldats britanniques, dont seulement 2099 sont identifiés. La plupart des soldats inhumés dans ce cimetière sont morts lors de la bataille de la Somme en 1916 ou lors des offensives allemandes du printemps 1918. Le cimetière est situé au pied du mémorial aux disparus du Commonwealth de Thiepval, qui domine le paysage. Ce mémorial, conçu par l’architecte Edwin Lutyens, porte les noms de plus de 72 000 soldats britanniques et sud-africains portés disparus sur le front de la Somme entre juillet 1915 et mars 1918. Il s’agit du plus grand mémorial de guerre du monde, avec ses 16 piliers et ses 45 mètres de hauteur. Il fut inauguré en 1932 par le roi George V et le président Albert Lebrun.

3 – Le mémorial aux disparus du Commonwealth de Thiepval

e mémorial aux disparus du Commonwealth de Thiepval est un monument commémoratif de la Première Guerre mondiale, situé dans la Somme, en France. Il rend hommage aux plus de 72 000 soldats britanniques et sud-africains qui ont perdu la vie sur le front de la Somme entre 1915 et 1918, et dont les corps n’ont pas été retrouvés ou identifiés. Le mémorial, conçu par l’architecte Edwin Lutyens, se présente sous la forme d’un immense arc de triomphe, sur lequel sont gravés les noms des disparus. Il fut inauguré en 1932 par le roi George V et le président Albert Lebrun. Il est entouré d’un cimetière où reposent 300 soldats français et 5376 soldats du Commonwealth. Le mémorial est géré par la Commonwealth War Graves Commission, qui s’occupe de l’entretien et de la préservation des lieux de mémoire du Commonwealth dans le monde. Le mémorial est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2023, en tant que partie d’un ensemble de 139 sites funéraires et mémoriels de la Grande Guerre en France et en Belgique. Le mémorial est un lieu de recueillement et de souvenir, qui témoigne de l’horreur du conflit, mais aussi du respect et de la reconnaissance envers les combattants de toutes les nationalités. Pour plus d’informations sur le mémorial, vous pouvez consulter le site de la Commonwealth War Graves Commission ou le site Somme tourisme.

4 – Le cimetière et le mémorial du Commonwealth « Pozières British Cemetery » et « Pozières Memorial » à Ovillers-La-Boisselle

Le cimetière et le mémorial du Commonwealth « Pozières British Cemetery » et « Pozières Memorial » à Ovillers-La-Boisselle sont situés sur le site du village de Pozières, qui fut entièrement détruit par les bombardements lors de la bataille de la Somme en 1916. Le village fut le théâtre de combats acharnés entre les troupes britanniques, australiennes et allemandes, qui se disputèrent le contrôle de la route reliant Albert à Bapaume. Le cimetière contient les tombes de 2771 soldats du Commonwealth, dont seulement 1314 sont identifiés. Le mémorial, qui se trouve à l’intérieur du cimetière, porte les noms de plus de 14 000 soldats australiens portés disparus en France et qui n’ont pas d’autre lieu de commémoration. Il s’agit du principal mémorial australien sur le front occidental, après celui de Villers-Bretonneux.

5 – Le mémorial sud-africain et le cimetière du Commonwealth de Longueval

Le mémorial sud-africain et le cimetière du Commonwealth de Longueval sont situés sur le site du bois Delville, qui fut le cadre d’une bataille sanglante entre les troupes sud-africaines et allemandes en juillet 1916. Les Sud-Africains reçurent l’ordre de tenir le bois à tout prix, face à des assauts répétés et meurtriers. Sur les 3153 hommes engagés, seuls 780 en sortirent indemnes. Le bois fut presque entièrement rasé par les obus. Le mémorial sud-africain fut érigé en 1926 à l’endroit où se trouvait le quartier général du régiment sud-africain. Il se compose d’un arc de triomphe en pierre, orné des armoiries de l’Afrique du Sud et des provinces qui la composent. Une statue en bronze représente deux soldats soutenant un blessé. Le cimetière du Commonwealth contient les tombes de 5374 soldats, dont seulement 142 sont identifiés. La plupart des soldats inhumés dans ce cimetière sont morts lors de la bataille du bois Delville ou lors des combats ultérieurs dans le secteur.

6 – La nécropole et la chapelle du souvenir français à Bouchavesnes-Bergen

La nécropole et la chapelle du souvenir français à Bouchavesnes-Bergen sont dédiées aux soldats français qui ont combattu dans la Somme pendant la Première Guerre mondiale. La nécropole contient les tombes de 4379 soldats français, dont 1270 sont inconnus. La plupart des soldats inhumés dans ce cimetière sont morts lors des offensives allemandes du printemps 1918 ou lors de la contre-offensive alliée de l’été 1918. La chapelle du souvenir français fut construite en 1927 à l’initiative du général Mangin, qui commandait la Xe armée française lors de la bataille de la Somme en 1916. Elle se compose d’une nef unique, surmontée d’un clocher-porche. L’intérieur est décoré de vitraux représentant des scènes de la guerre et des symboles patriotiques. Une crypte abrite les restes de 3000 soldats non identifiés.

7 – Le cimetière du Commonwealth à Rancourt et Bouchavesnes-Bergen

Le cimetière du Commonwealth à Rancourt et Bouchavesnes-Bergen est le plus grand cimetière britannique de la Somme. Il contient les tombes de 8575 soldats du Commonwealth, dont seulement 3610 sont identifiés. La plupart des soldats inhumés dans ce cimetière sont morts lors de la bataille de la Somme en 1916 ou lors des combats ultérieurs dans le secteur. Le cimetière fut créé après l’armistice de 1918, en regroupant les corps provenant de plusieurs cimetières temporaires et de champs de bataille. Le cimetière est entouré d’un mur en brique et d’un fossé. Il est divisé en 18 parcelles, disposées autour d’une croix du sacrifice. Un mât porte le drapeau du Royaume-Uni.

8 – Le cimetière allemand de Rancourt

Le cimetière allemand de Rancourt est le plus grand cimetière allemand de la Somme. Il contient les tombes de 11 236 soldats allemands, dont 8639 sont inconnus. La plupart des soldats inhumés dans ce cimetière sont morts lors de la bataille de la Somme en 1916 ou lors des offensives alliées de 1918. Le cimetière fut créé après la guerre, en regroupant les corps provenant de 150 cimetières temporaires et de champs de bataille. Le cimetière est composé de huit carrés, séparés par des allées. Au centre, se trouve un monument en forme de pyramide, surmonté d’une croix en fer. Des plaques portent les noms des soldats identifiés.

9 – Le mémorial national australien et le cimetière du Commonwealth à Villers-Bretonneux et Fouilloy

Le mémorial national australien et le cimetière du Commonwealth à Villers-Bretonneux et Fouilloy sont dédiés aux soldats australiens qui ont combattu dans la Somme pendant la Première Guerre mondiale. Le mémorial national australien est situé sur une colline dominant le village de Villers-Bretonneux, qui fut libéré par les troupes australiennes lors d’une contre-attaque nocturne le 25 avril 1918, jour anniversaire du débarquement des Anzacs à Gallipoli en 1915. Le mémorial se compose d’une tour en pierre, ornée des armoiries de l’Australie et des six états qui la composent. Sur les murs, sont inscrits les noms de plus de 10 700 soldats australiens portés disparus en France et qui n’ont pas d’autre lieu de commémoration. Au sommet de la tour, une cloche sonne chaque jour à 16h45, heure locale du début de l’attaque australienne. Le cimetière du Commonwealth est situé au pied du mémorial. Il contient les tombes de 779 soldats du Commonwealth, dont 410 sont australiens.

10 – Le cimetière chinois de Nolette à Noyelles-sur-Mer

Le cimetière chinois de Nolette à Noyelles-sur-Mer est le seul cimetière chinois de la Première Guerre mondiale en France. Il contient les tombes de 849 travailleurs chinois, qui ont été recrutés par le gouvernement britannique pour participer à l’effort de guerre sur le front occidental. Ces travailleurs faisaient partie du Chinese Labour Corps (CLC), qui comptait environ 140 000 membres venus principalement du nord de la Chine. Ils étaient chargés de réaliser des travaux pénibles et dangereux, comme le creusement des tranchées, le transport des munitions ou l’enterrement des morts. Ils étaient exposés aux maladies, aux accidents et aux bombardements. Le cimetière fut créé en 1919, en regroupant les corps provenant de plusieurs hôpitaux et camps du CLC situés dans la région. Le cimetière est entouré d’un mur en brique et d’un fossé. Il est divisé en deux parties, séparées par une allée centrale. Au fond du cimetière, se trouve un monument en forme de pagode, portant l’inscription : « A la mémoire des travailleurs chinois morts au service de la France ». Les tombes sont marquées par des stèles en granit, sur lesquelles sont gravés les noms des défunts en caractères chinois.

11 – Le cimetière du Commonwealth à Louvencourt

Le cimetière du Commonwealth à Louvencourt est un petit cimetière situé à proximité du village de Louvencourt, qui fut occupé par les troupes britanniques dès le début de la guerre. Le cimetière contient les tombes de 165 soldats du Commonwealth, dont 154 sont britanniques. La plupart des soldats inhumés dans ce cimetière sont morts lors de la bataille de la Somme en 1916 ou lors des combats ultérieurs dans le secteur. Le cimetière fut créé en juillet 1916 et utilisé jusqu’en mars 1917. Il est entouré d’un mur en brique et d’une haie. Il est divisé en deux rangées, disposées autour d’une croix du sacrifice. Une plaque porte l’inscription : « Their name liveth for evermore ».

Conclusion

Les onze sites de mémoire de la Grande Guerre inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco dans la Somme sont des témoins émouvants et poignants de l’histoire tragique du XXe siècle. Ils rendent hommage aux millions de soldats qui ont combattu et sacrifié leur vie pour défendre leurs idéaux et leur patrie. Ils sont aussi des lieux de dialogue et d’échange entre les peuples, qui favorisent la compréhension mutuelle et le respect de la diversité culturelle. Ils sont enfin des lieux d’éducation et de transmission, qui sensibilisent les jeunes générations aux enjeux de la paix et du développement durable. Ces sites sont des héritages communs de l’humanité, qu’il faut préserver et valoriser pour le bien de tous.